Vers une évaluation numérique : retour sur le groupe de travail autour des examens à distance

Cette initiative cherche à mutualiser des ressources et des approches de référence pour aider les établissements à adapter leurs méthodes d’examens à distances.

Le 14 mars 2022 marquait le début d’un ambitieux projet visant à structurer les examens à distance au sein des universités françaises. Cette initiative, lancée dans le cadre de France Relance, a été orchestrée par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), en collaboration avec plusieurs organismes, dont le GIP France Université Numérique, France Universités, la CDEFI, L’Université Numérique, l’association ESUP, la CGE, l‘Association VP Numérique et l’ANSTIA. Le premier objectif fixé était de permettre à 1,4 million de personnes d’accéder à des services éducatifs déployés, tels que les classes virtuelles et les webinaires.

Première réunion du groupe de travail « examens à distance »

Dès la première réunion, les discussions ont mis en lumière les défis variés et complexes que posaient les examens à distance. Les modalités de ces examens (orales, écrites, synchrones, asynchrones, surveillées ou non) devaient être soigneusement étudiées pour répondre aux divers besoins pédagogiques et institutionnels. Le groupe de travail a ainsi décidé de ne pas se concentrer uniquement sur les solutions techniques, comme les plugins Moodle ou la télésurveillance, mais plutôt sur une approche globale intégrant les aspects pédagogiques, techniques et juridiques.

Au mois d’avril 2022, il a été proposé de créer un prototype de plateforme Moodle, fondé sur les expériences des établissements, pour servir de modèle adaptable par d’autres universités. Un document recensant les modalités et recommandations associées à différents scénarios d’usage devait accompagner ce prototype. Cette approche visait à capitaliser sur les bonnes pratiques déjà mises en œuvre dans certaines universités comme l’Université Paris 8 Vincennes-Saint Denis et l’Université Toulouse – Jean Jaurès.

Les discussions se sont poursuivies et ont mis en évidence la nécessité de produire des livrables, soulignant l’importance de créer des ressources documentaires et des cas d’usage concrets pour faciliter l’adoption et l’adaptation des outils par les établissements. À l’automne, la CNIL a apporté son expertise sur les aspects de la protection des données et la réglementation concernant la télésurveillance des examens. Le projet a alors pris une dimension plus réglementaire, avec l’objectif de publier des recommandations pratiques mais non contraignantes pour la rentrée 2023 grâce à SupDPO.

Phase de mutualisation des ressources

Début 2023, les efforts se sont concentrés sur la mise à disposition des ressources et des cas d’usage sur le Moodle national de L’UN permettant aux établissements de télécharger et adapter les contenus selon leurs besoins spécifiques. Cette phase a également inclus des réflexions sur les aspects techniques, juridiques et organisationnels, avec la participation d’experts de divers domaines. Les réunions suivantes ont continué à enrichir cette base de contenus, avec une attention particulière portée à l’archivage des examens en ligne et aux nouvelles questions soulevées par l’intégration d’IA génératives dans les évaluations.

La réunion du 27 novembre 2023 a marqué un tournant avec le passage de témoin du MESRI à d’autres structures pour le pilotage futur du groupe de travail. L’Université Numérique, prend désormais le relais pour assurer la continuité et le développement des projets initiés.

Depuis son lancement, le groupe de travail sur les examens à distance a mis à disposition deux espaces essentiels sur le Moodle national : un espace permettant la mutualisation de documentation et un espace regroupant des cas d’usages. Ces ressources visent à faciliter l’organisation et la mise en place des examens à distance pour les établissements d’enseignement supérieur.

L’espace de documentation regroupe des informations cruciales pour la mise en place des examens à distance, couvrant quatre aspects principaux :

• un aspect pédagogique avec des guides et recommandations pour adapter les méthodes d’évaluation à un environnement numérique ;
• un aspect juridique et réglementaire comportant des conseils et préconisations, rédigés par SUPDPO, pour assurer la conformité avec les réglementations en vigueur, notamment celles concernant la protection des données personnelles ;
• un aspect technique comportant des solutions et conseils techniques pour déployer et gérer les examens en ligne, incluant les meilleures pratiques et les outils recommandés ;
• un aspect archivistique présentant des méthodes et protocoles pour l’archivage des examens en ligne afin de garantir la conservation et l’intégrité des données d’évaluation. Il est à noter que la section organisationnelle n’a pas encore été pourvue et qu’il faudra la détailler pour intégrer les aspects logistiques et administratifs de la mise en place des examens à distance.

L’espace des cas d’usages revient sur des implémentations spécifiques réalisées dans divers établissements, offrant ainsi des exemples pratiques et des solutions adaptables. Parmi ces cas on peut citer l’examen de médecine avec un retour sur l’utilisation de tablettes pour des examens en présentiel à Paris V et à Rouen, et d’ordinateurs portables à Nice mais aussi l’examen en ligne et à distance portant sur la surveillance des examens avec la solution TestWe à Panthéon Assas Université. Une approche par compétences est présentée grâce aux ressources développées dans le cadre du projet FlexiEval à Montpellier, mettant l’accent sur l’évaluation des compétences.

En plus de ces exemples, l’espace propose deux cours complets pour illustrer la mise en œuvre des examens à distance : un cours en Licence 3 de mathématiques de l’Université de Reims Champagne-Ardenne qui offre un modèle détaillé de mise en place des examens pour cette discipline ainsi qu’un « kit d’épreuve » développé par l’Université de Caen Normandie, conçu pour faciliter la mise en œuvre des examens à distance.

Les espaces Moodle partagés sont conçus pour être des centres de ressources précieuses pour tous les établissements d’enseignement supérieur cherchant à adapter leurs méthodes d’évaluation à un format en ligne. En rassemblant des documents exhaustifs et des exemples pratiques, le groupe de travail espère soutenir les institutions dans cette transition nécessaire et complexe, assurant ainsi la continuité et la qualité des évaluations, même à distance.

En conclusion, le projet des examens à distance illustre un modèle de collaboration inter-institutionnelle et d’innovation pédagogique. En intégrant des retours d’expérience, en anticipant les besoins futurs et en respectant les contraintes réglementaires, il vise à proposer des alternatives à l’évaluation en présentiel lorsque le besoin peut s’en faire sentir dans l’enseignement supérieur. Les prochaines étapes seront cruciales pour consolider ces acquis et garantir que les outils et pratiques développés répondent aux attentes des étudiants et des enseignants, tout en respectant les normes de qualité et de sécurité.